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par un beau dimanche

il resta la tête basse, sans mot dire, et une vive déception se marqua sur le visage de tous les assistants.

Titubant et familier, Eudore s’en vint taper sur l’épaule de M. Vireux, et lui fit à voix très haute cette remarque confidentielle :

— Il a des sous, l’docteur, tout plein des sous… Un jour, y m’a fait voir une petite bouteille qu’y avait d’la drogue dedans pour plus d’cent francs… Moi, j’ai épousé une femme qu’a l’magot, mais j’ai jamais pu m’payer des bouteilles à cent francs la pièce… Oui, oui, il a des sous, l’docteur… Tout plein des sous, nom d’un cric !

Tous les yeux se fixèrent de nouveau sur M. Brusy. Celui-ci regarda encore Joséphine. Mais Joséphine se détourna pour regarder Marie, qui se détourna pour regarder François, qui se détourna pour éternuer.

— Mes filles et moi, reprit Hougnot, nous ne possédons, en tout et pour tout, que notre part dans cette maison. Je ne reproche rien à personne, mais je ne sais s’il est très juste, très équitable, qu’un autre possède à lui seul autant que nous trois, quand il a déjà par ailleurs une maison de campagne, une clientèle qui lui rapporte un argent fou…

— C’est beaucoup dire, protesta le docteur… Je vous assure qu’on me paie peu et mal…

— Parce que vous ne vous faites pas payer, parbleu !… Mais il vous suffirait de vouloir pour toucher, chaque année, trois ou quatre fois plus d’argent qu’il n’en faut pour tous vos besoins… Ça vous regarde, bien entendu… Moi, je ne me mêle pas des affaires d’autrui, et je n’ai jamais rien demandé à personne.

— J’avais un vieil oncle fort riche, insinua le bienveillant Vireux. Il me déshérita pour laisser toute sa fortune à une servante-maîtresse… Ça