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l’oreille : « Trop tard ! Plus rien à faire ! » Et Eudore, ayant trouvé la bouteille de cognac, oubliée dans le désarroi, se remettait de son émotion en buvant à même le goulot.

Après deux, ou trois minutes de tractions, le docteur dit tout à coup :

— Elle respire !

Aussitôt, chacun cria à plusieurs reprises : « Elle respire ! Elle respire ! » Puis Séraphie et Mérance accoururent, sur le seuil de la cuisine, annoncer la bonne nouvelle à ceux de qui elle la tenaient, en criant à leur tour : « Elle respire ! Elle respire ! »

Par de légères pressions sur l’abdomen, le docteur continua quelque temps à aider les mouvements respiratoires. Bientôt, Marie poussa un long soupir, ouvrit les yeux, puis les referma. Et Joséphine se jeta de nouveau sur elle pour l’embrasser avec frénésie, et, corollairement, la priver d’une notable portion d’air pur.

— Mais laissez-Ia donc respirer, espèce d’emplâtre ! cria l’oncle Brusy en la tirant par le bras… Les couvertures chaudes, maintenant !… Ensuite, un grog bouillant, du café bien chaud !

— Pour le grog, faudra prendre du rhum ; y’a plus d’cognac ! affirma Eudore en retournant la bouteille vide, pour bien montrer qu’il ne mentait pas.

— Va pour du rhum ! dit le docteur.

Et, avec les deux femmes, il commença à déshabiller Marie, puis à l’envelopper dans des couvertures. M. Vireux, Hougnot, le jeune Hippolyte et Eudore lui-même tournèrent discrètement le dos, pendant l’opération, ou firent semblant. Pas-Bon continua à regarder, de ses yeux noirs et fixes, en étanchant parfois le sang de sa blessure. Du reste, on ne fit pas plus attention à lui que s’il se fût agi d’un bon gros chien.

Hougnot parut fort stupéfait, tout déconte-