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par un beau dimanche

Se calmant peu à peu, il prit enfin le parti de rétrograder à tâtons, et se remit en marche avec une prudence extrême. Une pensée l’angoissait, celle de deux ou trois souterrains de traverse qu’il avait remarqués au passage, sans s’en soucier autrement. S’il allait s’engager dans l’un d’eux, partir on ne sait où, revenir peut-être à son point de départ, pour recommencer le même trajet, vingt fois, cent fois, mille fois, jusqu’à ce que ses forces fussent épuisées, et qu’il tombât sur le sol, râlant, inanimé.

Bien entendu, au bout de cent pas à peine, il était déjà fourvoyé, engagé dans un autre couloir que celui de l’arrivée.

Là, une surprise délicieuse l’attendait : une vague lueur, presque imperceptible d’abord, mais qui grandit, à mesure qu’il avançait, s’élargit, se précisa, devint bientôt une franche nappe de clarté, tombant d’un large soupirail ouvert dans la voûte.

Hougnot allait crier, appeler. Mais, la tête déjà levée, les mains en entonnoir autour de la bouche, il retint tout à coup le cri qui lui montait aux lèvres. Au bord de l’ouverture, un chétif coquelicot avait poussé entre deux pierres, et il se balançait doucement, animé d’un rythme régulier par les poussées machinales que lui imprimait une superbe bottine jaune, dont Hougnot ne voyait que le bout tout flambant neuf, mais qu’il crut pourtant bien reconnaître. Un murmure de voix, très confus, très indistinct, passait parfois, comme un souffle, au-dessus du large soupirail.

— C’est ce paltoquet qui regarde les pierres en s’asseyant dessus… Il est couché dans l’herbe, au bord du trou… Mais avec qui donc cause-t-il ? songeait le père méfiant.

Les voix étaient trop faibles pour qu’on pût les reconnaître. Elles se turent bientôt ; du reste,