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par un beau dimanche

Ô prodige de la volonté ! Il fit le tour entier de la grotte, et la bougie ne tremblait presque pas dans sa main ! Exultant d’orgueil, n’osant presque s’en croire lui-même, il s’arrêta, prêt aux plus extravagants héroïsmes, devant un étroit couloir dont la bouche d’ombre l’attirait, maintenant, comme la mouvante lumière d’un miroir attire les alouettes. Creusé dans un schiste micacé, le souterrain s’étoilait, çà et là, de paillettes brillantes comme de l’argent. Par une association d’idées bien naturelle, Hougnot, qui avait toujours eu un faible pour le bien d’autrui, songea aussitôt aux fabuleux trésors que la légende populaire affirmait être cachés là, quelque part, à deux pas de lui peut-être, et dont les plus patientes fouilles, à vrai dire, n’avaient jamais ramené au jour la moindre trace.

— Tout de même, songea-t-il, si c’était moi qui mettais la main sur le magot… Le hasard est si grand !

Résolu, la bougie haute, il entra dans l’étroit boyau, frappant les parois de sa canne, à gauche et à droite, puis écoutant si ça ne sonnait pas le creux. Il allait, intrépide, selon les caprices sinueux du couloir, sautant par-dessus les pierres éboulées, enjambant les larges crevasses qui béaient parfois dans le sol fendillé, et tapant toujours, de toutes ses forces, sur les parois qui s’obstinaient à ne rendre qu’un son désespérément mat et plein. Il tapa si bien qu’un coup de canne, mal dirigé, atteignit la bougie, l’arracha de ses doigts, et l’envoya rouler on ne sait où, éteinte.

Toute sa fougue, tout son courage tombés soudain, le chercheur de trésors se sentit pâlir affreusement, dans le noir opaque et absolu, tandis que sa mâchoire grelottait malgré lui, et qu’une sueur visqueuse lui coulait le long de l’échine. Une image épouvantable l’assaillit, con-