Page:Ista - Par un beau dimanche, 1921.djvu/113

Cette page a été validée par deux contributeurs.
110
par un beau dimanche

et de chevaliers moyenâgeux, qu’elle voyait, du reste, en costumes François Ier. Constatant le médiocre succès de son discours, le docteur se tut, brusquement, au milieu d’une interminable phrase sur la construction des hourds en bois. Comprenant, à ce silence subit, que la conférence était terminée, Marie conclut, pour dire quelque chose.

— Oui, je sais bien : C’était le repaire d’un tas de brigands qui se cachaient ici pour rançonner les pauvres voyageurs, et faisaient leurs esclaves des pauvres paysans… On a bien fait de renverser tout ça.

— Sans doute, on a bien fait… Permettez toutefois… riposta l’oncle avec une chaleur nouvelle et une véhémence toute fraîche… Comme beaucoup d’autres, vous regardez la féodalité par un seul bout, c’est-à-dire par la fin. Vous ne voyez donc que les excès et les défauts du régime, à une époque où il était devenu caduc, comme il advient de toutes choses, et encombrait une société qui avait suffisamment évolué pour pouvoir se passer de lui. Mais, vu par l’autre bout, par le commencement, ce système constituait un progrès sur l’époque précédente, beaucoup plus barbare encore. Ces paysans, que vous plaignez, accouraient d’abord, de toutes parts, se loger autour de chaque forteresse qu’on bâtissait. Ils y perdaient leur liberté, sans doute, mais la servitude leur semblait préférable à la mort, et il n’était pour eux quelque sécurité, en ces époques anarchiques, qu’au pied d’une forte citadelle, gardée par une solide garnison, et commandée par un seigneur qui avait, à défendre ses serfs, autant d’intérêt qu’un fermier d’aujourd’hui à défendre son bétail. Songez donc qu’il n’y avait alors ni pouvoir central, ni police organisée…

— Il y a des fraises ! Il y a des fraises ! cria