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par un beau dimanche

personne ne se souciait. Bien entendu, les jeunes filles ajoutèrent leur prénom, modestement, à cette kyrielle de documents précieux.

La porte ne fermait qu’au loquet, car, après avoir fait remplacer dix-sept fois la serrure, le propriétaire des ruines venait de se résigner à en permettre le libre accès aux visiteurs, puisque ceux-ci s’obstinaient à entrer sans sa permission.

Derrière la porte, une odeur de terre humide et moisie saturait l’obscurité inquiétante d’un étroit boyau, où le docteur s’enfonça en criant :

— Attention ! Il y a des pierres dans le chemin, et il faudra vous baisser quand je le dirai.

Marie et Joséphine le suivirent avec lenteur et précaution. Accroupi, la tête basse, par crainte de se cogner à la voûte, Hougnot se traînait derrière elles, l’allure aussi fière et aussi dégagée que celle d’un vieux crabe, et se tenant la mâchoire à pleine main pour qu’on ne l’entendît pas claquer des dents. Parfois, un souffle humide et glacé, venant on ne savait d’où, faisait vaciller la flamme des bougies. Hougnot rétrogradait alors de quelques pas, précipitamment, puis se rejetait à la suite des autres, épouvanté par l’idée de se trouver seul.

La bougie d’avant-garde monta soudain le long d’un étroit escalier en colimaçon, et le docteur se retourna un instant pour crier :

— Prenez garde ! Il manque des marches !

En effet, des marches avaient disparu, et les autres branlaient sous le pied d’inquiétante façon.

— Charmante partie de plaisir ! grondait Hougnot en se cramponnant sans vergogne à la robe de Marie, au risque d’incendier les jupons de la jeune fille.

Après une laborieuse ascension, que coupèrent de nombreux cris d’effroi, les visiteurs par-