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GILLES. — T’as pourtant qu’enrache des concurrents, m’ sempe-t-i.

NATOLE. — Tais-toi va, tais-toi ! Tout l’ monte se mèle de faire de la musique sans y rien connaîte… Jusque les soldats ! Je t’ demante un peu ! Et l’ bourguemesse les paie bon-z-èt cher pour donner des concerts sur Avroy, sans seul’ment comprente quel tort qu’i fait à note commerce… Je sé bien qu’il a r’noncé les musuciens d’aux lanciers, mais c’est toutes les musiques militaires de la Belgique, hein, qu’un bourguemesse d’adroit d’vrait envoyer s’ faire pente ! De quoi don ! Jusque les acteurs d’au Thèyâte Royal, qui s’ mèlent de chanter des grands airs, pour me faire du tort, comme de raîson… Faudrait voir comment qu’is chantent faux ! C’était encore marqué l’aûte jour sur la gazette… D’abord, c’est bien simpe : gn-a qu’avec un orque que tu peux jouwer jusse… Et ton beau bourguemesse leur donne des subsîtes que pour enrager, toujours pour m’empêcher d’ gagner ma vîye… Nous sommes mal gouvernés, que ch’ te dis !

GILLES. — Que d’vrait-i faire, à ton îdéye, le bourguemesse ?

NATOLE. — Ch’ te l’ vais espliquer on n’ saurait mieux : I-gn-a un p’tit villâche, est-ce pas, que j’y vais jouwer une fois par semaine, èt qu’il y f’n’ait dans l’ temps un Italien, avec une piyano mécanique, qui m’ faisait une concurrence de tous les djapes. I s’a un jour disputé avec la servante du curé, mais l’ bourguemesse a encore plus vite profité d’ ça pour dèfente au sâle Italien de jamais r’mette les pieds dans l’ villâche… Et bin ça, c’est un bon bourguemesse, que tout l’ monte devrait vôter pour le faire venir à Liéche !… Le note, i n’ connaît rien à la musique, que ch’ te dis !

GILLES. — Faut-i savoir la musique, pour jouwer d’ l’orque ?

NATOLE. — Bin, la musique èt pas la musique… C’est un aûte genre que l’ solfêche, mais bien plus