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ANGÈLE, après avoir obéi. — C’est à 3 h. 13. Mon Dieu ! pourvu que j’aie le temps de nouer mon ruban avant qu’il n’arrive !

 Ensemble : Mme PIC. — Dépêche-toi, il devrait être ici déjà.
M. PIC. — Ne te presse pas, tu as tout le temps.

Angèle se sauve. Privés de tout spectateur, les deux époux retombent aussitôt dans un silence farouche. Un quart d’heure se passe. Coup de sonnette à la grille.

 Ensemble : Mme PIC. — C’est Monsieur André !
M. PIC. — C’est le facteur !

ANGÈLE, entr’ouvrant une porte. — C’est lui ! Je viens de regarder par la fenêtre.

 Ensemble : Mme PIC. — Pourvu que ton père n’ait pas envoyé la bonne au bureau de tabac.
M. PIC. — Je parie que ta mère a oublié de dire à la bonne qu’elle mette un tablier propre.

ANGÈLE. — Je la vois qui traverse le jardin pour aller ouvrir. Elle a un tablier propre. Je me sauve, vous m’appellerez quand il sera temps.

Elle disparaît. Nouveau silence. Puis la bonne introduit M. André. Il est en redingote, haut-de-forme et gants blancs. Il a l’air un peu moins joyeux et moins résolu que s’il marchait à la guillotine.

ANDRÉ. — Madame… Monsieur… Je suis… Croyez bien…

 Ensemble : Mme PIC, désignant une chaise. — Bonjour, mon ami, asseyez-vous donc.
M. PIC, avançant un fauteuil. — Soyez le bienvenu, jeune homme, et prenez ce siège.