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Alors, Marbrerot entrevit le désastre, les manques de mémoire, les bredouillements, les sarcasmes de la salle, le rideau baissé, peut-être ! Résigné à tout, il gronda entre deux phrases, derrière sa main levée en un geste improvisé : « Prends-le, cré vingt dieux ! Prends-le, ton sale rôle ! Mais la ferme, n’est-ce pas, la ferme ! »

Dès ce moment, il n’eut plus dans les bras qu’une petite poupée silencieuse et docile. Le premier creux de France conquit une fois de plus l’âme des apaches et le cœur des filles de joie, et ce fut dans un tumulte d’applaudissements que la grosse Pauline cria au petit vieux du quatrième fauteuil, l’index tendu vers la porte, comme pour chasser un laquais : « Va, mon fils, où le devoir t’appelle ! »

Et tandis que le colonel, radieux, rasséréné, envoyait à pleins poumons les cent quatre-vingt-deux vers de la dernière tirade, le brave petit jeune homme se jetait dans les bras de sa maman et lui bafouillait dans le cou : « J’ai la Tomate, ma vieille !… Je l’ai… et Josette n’a plus que des pannes… Elle m’avait fait une crasse, et j’te l’avais bien dit, qu’elle me le payerait ! »