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prète est choisie depuis une semaine. Il déclare en s’inclinant :

— Je vous écoute, madame.

Au moment où il va désigner un siège, la visiteuse s’assied spontanément, sans doute pour lui éviter la peine de faire un geste. L’auteur s’installe à son tour, et Nichette repart comme un petit phonographe qui aurait pris le mors aux dents :

— Il ne faudrait pas croire, mon petit, que je suis la première venue, parce que j’ai l’air de vous demander du turbin. Ah ! mais non, mon vieux, j’suis bien au-dessus d’ça, j’ai pas besoin d’travailler pour vivre. Mais ce n’est pas tout, d’avoir de la valeur, il faut encore se faire apprécier, et si je consens à faire du théâtre, faut bien que je m’fasse connaître d’abord. C’est humiliant, pour une femme qui a des amis distingués, de laisser croire qu’elle vit de son travail, mais on ne fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie, c’est rudement vrai, ce que je vous dis là… Vous non plus, bien sûr, vous ne faites pas toujours ce que vous voulez. C’est pas un métier bien sérieux, ni bien reluisant, d’écrire des bouffonneries pour faire rigoler les imbéciles… Moi, ça ne me fait pas rire, les pièces, je ne vais au théâtre que pour regarder les toilettes. Faut être gourde pour s’emballer sur des histoires que c’est pas même arrivé !… Moi, je n’admets que les pièces où on change de robe à chaque acte, ou bien les revues. Ça, c’est chic, les revues ! Et on peut se faire apprécier, au moins, là-dedans… Pourquoi que vous n’en faites pas, plutôt que des comédies ? Faudra m’en faire, plus tard, je vous donnerai des idées… Pour l’instant, j’aime mieux une comédie, parce que, vous me croirez si vous voulez, j’ai un peu le trac de me mettre en