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le buffet auquel il avait espéré se cramponner et parvint néanmoins à s’installer sur une chaise, à portée de l’objet de ses préoccupations. Alors, laborieusement, il entreprit de ligoter le balancier avec les cordons de ses bottines. Tâche difficile, mais que rien n’eût pu l’empêcher d’accomplir, car il avait maintenant la conviction absolue de sauver sa mère d’un très grand danger. Et c’est avec des larmes dans la voix, qu’en enchevêtrant de nœuds inextricables le balancier désormais muet, il murmurait, très ému :

— Ma p’tite m’man ! Ma pauv’ p’tite m’man !

Le sacrilège était accompli. L’horloge se taisait, grandeur profanée, portant les bottines comme un galérien porte ses fers. Totor prit un peu de recul pour mieux contempler son œuvre, et cligna de l’œil en artiste satisfait de lui-même. Puis, ayant allumé son bougeoir, il gagna l’escalier, en laissant soigneusement flamber le gaz. D’avoir accompli d’aussi difficiles besognes, sa confiance renaissait. Et ce fut un jeu pour lui de grimper ses deux étages à quatre pattes, en posant le bougeoir de trois marches en trois marches. Dans sa chambre, il mit à peine un quart d’heure à enlever son veston, son épingle de cravate et une de ses chaussettes. Il enferma soigneusement dans son armoire à glace le traversin et les couvertures de son lit, effeuilla vainement tout son calendrier pour savoir quelle heure il était, et s’étendit enfin sur ses draps, avec la conscience du devoir accompli. Pendant quelques instants, les efforts qu’il devait faire pour conserver son chapeau sur sa tête l’empêchèrent de s’endormir. Mais cette préoccupation s’effaça bientôt, et pour la première fois, l’âme de Totor sombra dans l’abîme sans fond, dans le gouffre noir des