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trois cents francs que je comptais formellement recevoir au 1er  janvier ne m’a pas été accordée. Un collègue, à qui j’en exprimais mon dépit, m’affirme que notre chef de bureau a déclaré, devant lui, qu’on n’a pas besoin de gratification quand on possède une fille dans une situation aussi brillante que la vôtre. Il m’est pénible de croire que mes supérieurs se livrent à de tels calculs, et exploitent un état de choses dont je n’ai profité en rien, jusqu’à présent, pour me priver du juste profit de mon labeur. Vous voyez que votre pauvre père paye ici, par une misère et des injustices imméritées, la rançon de vos succès et de l’argent que vous gagnez si aisément.

Quand je pense qu’il suffirait pour réparer notre petite maison et sauver ma santé compromise, de ce que vous dépensez en un soir dans ces fêtes brillantes que les artistes offrent, assure-t-on, aux parasites dont leurs demeures sont infestées ! Enfin, n’y pensons plus. Je continuerai à supporter avec courage mon humble vie de misère décente, toute de labeur et de privations.

Croyez-moi, ma chère fille, votre père bien affectionné, heureux et fier de penser que son sang coule dans les veines d’une étoile.

Hyacinthe MOMARD.

Mademoiselle Louise d’Amora,
en son hôtel, avenue des Champs-Elysées, Paris.
Bridons-les-Oies, 11 septembre 1910.
Ma petite Loulou chérie,

Merci mille fois pour le merveilleux chronomètre que j’ai reçu ce matin à l’occasion de ma fête patronymique. Tous les habitués du Café du Commerce