environ, et à tout jamais, celui qui fit saigner mon cœur de père en vous ravissant à mon affection. En outre, le bruit des succès que vous remportez sur une des plus brillantes scènes de la capitale est parvenu jusqu’à notre humble cité, et a doucement caressé mon orgueil paternel. Nos concitoyens parlent souvent de vous, avec envie, sans doute, mais aussi avec fierté, et il m’est revenu naguère que M. le préfet, devant un nombreux auditoire, a cité votre nom parmi ceux des notoriétés à qui le département a donné le jour. Je fais des vœux, ma chère Louise, pour que vos succès s’affirment encore, pour que la gloire de notre nom grandisse par vous, en une carrière dont je vous ai peut-être détournée jadis, mais dans votre intérêt, croyez-le bien, parce que je ne soupçonnais pas que vous portassiez, en la jeune fille romanesque que je chérissais tant, l’étoffe d’une future étoile.
Vous me demandez instamment de mes nouvelles. Je ne puis, hélas ! vous en envoyer d’aussi bonnes que vous semblez l’espérer. La petite maison que votre mère m’a laissée est dans un lamentable état de dégradation, et les locataires l’ont quittée depuis trois mois, alors que j’avais compté sur les loyers pour effectuer certains payements. Il me faudrait un billet de mille francs pour les réparations, et bien entendu, je n’en ai pas le premier sou. En outre, sans que je ressente de troubles bien définis, ma santé est chancelante, et le docteur s’obstine à prétendre qu’il me faudrait un régime copieux et choisi, comme si je pouvais penser, avec mes modestes ressources, à parer ma table de festins pareils à ceux qui font aujourd’hui l’ordinaire de l’enfant que j’ai élevée au prix de mille privations. Enfin, une gratification de