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tention sinon de fait, les vœux que vous osez formuler pour mon bonheur. Je n’aurais certes pas répondu à vos hypocrites protestations de tendresse, si vous n’aviez eu l’audace de m’annoncer votre intention de faire du théâtre, vous aussi. Tombée dans la fange impure de l’inconduite, vous êtes libre de vous y vautrer à votre guise, et de suivre jusqu’en ces lieux infâmes qu’on nomme les coulisses, le baladin qui vous a entraînée dans sa vie abjecte. La présente a donc pour seul but de vous rappeler que vous portez un nom honorable, qui n’a jamais été traîné sur les tréteaux qui sont le ruisseau infâme où coulent à pleins bords l’indécence et le mépris de toute morale. Je vous signifie ma défense formelle de déshonorer publiquement les deux syllabes que mes concitoyens et mes supérieurs hiérarchiques ont toujours prononcées avec respect et considération, de porter à la scène le nom sans tache et immaculé que vous tenez de

Hyacinthe MOMARD.

Mademoiselle Louise d’Amora,
Rue de Courcelles, Paris.
Bridons-les-Oies, 11 septembre 1909.
Louise,

J’ai reçu vos fleurs, et je les ai gardées. Elles sont dans le vase bleu, sur le secrétaire, devant l’effigie photographique de votre mère vénérée. Bien que je n’y aie pas répondu, vos dernières lettres m’avaient déjà touché, par les protestations de tendresse si évidemment sincères qu’elles contenaient, et votre missive de ce jour me cause une grande joie en m’apprenant que vous avez quitté depuis un trimestre