Page:Ista - Contes & nouvelles, tome I, 1917.djvu/44

Cette page a été validée par deux contributeurs.
45

Mais les séances de nuit ne semblent pas se ressentir de cette alimentation frugale.

16 avril. — Hier soir, passant devant le théâtre, j’ai constaté qu’il était obscur et silencieux, et les affiches m’ont appris que la dernière représentation avait eu lieu la veille. J’avais entendu dire, du reste, que cette revue ne remportait qu’un succès très médiocre.

Mes petits voisins vont donc partir. C’est dommage. Leur jeunesse m’amusait et je m’étais habitué à eux.

22 avril. — Les voisins ne sont pas encore partis. Je crois qu’ils n’ont pas d’engagement, car j’ai entendu Adalbert pester et jurer, à plusieurs reprises, à propos de certaine agence parisienne qui ne répond pas aux lettres qu’on lui envoie.

Les séances de nuit n’en continuent pas moins. Mais il m’a semblé qu’à deux ou trois reprises de légères querelles s’élevaient entre les amoureux.

28 avril. — Les petits voisins sont toujours là, et dans la misère jusqu’au cou. Hier, la propriétaire est montée leur faire une scène à propos de son loyer. Adalbert s’en va tous les jours en jurant qu’il ne rentrera que lorsqu’il aura trouvé de l’ouvrage, mais il revient bredouille tous les soirs. À plusieurs reprises, la pauvre petite Yaya est sortie, portant un paquet noué dans une serviette, et je suis sûr que toutes les nippes qu’ils n’ont pas sur le corps sont déjà au Mont-de-Piété. Les pauvres enfants sont moins gais que jadis, et, bien que le vieux goret d’en face ne quitte plus son balcon, il y a cinq jours qu’ils n’aient pensé à renouveler la fameuse scène des baisers à la fenêtre. En outre, ils se sont querellés plusieurs fois pour des vétilles. Mais chaque dispute