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Petit Ménage

(Fragments du journal intime d’un vieux célibataire.)


1er mars. — Zut, la chambre d’à côté est louée ! J’étais si tranquille, depuis quinze jours que cette vieille peste de Mlle  Armande était partie. Pourvu que le nouveau voisin ne soit pas trop bruyant. La cloison est si mince que je dois, par convenance, agir avec circonspection pour les choses les plus intimes et les plus naturelles.

2 mars. — Cette nuit, je n’ai pas fermé l’oeil. Dans la chambre voisine on s’est embrassé jusqu’à l’aube. Je ne me figurais pas qu’on pût s’embrasser aussi fort. Ça sonnait comme des claques sur le derrière d’un petit enfant Si la propriétaire se livre désormais à un négoce qu’il me répugne de qualifier, je donne congé immédiatement.

3 mars. — Il paraît que je n’ai rien à dire. Mes voisins sont unis en légitime mariage. La propriétaire affirme avoir vu leurs papiers bien en règle. Ce sont, paraît-il, des artistes dramatiques engagés pour la revue que monte le théâtre d’ici près. Mais je me demande comment ils ont la force de faire quoi que ce soit pendant la journée, s’ils occupent toutes leurs nuits comme les deux premières qu’ils ont passées sous ce toit

4 mars. — J’ai vu les nouveaux voisins. Ils n’ont pas quarante ans à eux deux. Lui m’a semblé abso-