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Chacun admira fort le système inventé par l’ingénieux vieillard, puis les bourgeois écrivirent quelque chose sur le bout de papier qu’on leur remit, en se cachant les uns des autres. Et le bourgmestre, ayant dépouillé les bulletins avec l’aide du maître d’école, proclama d’une voix joyeuse qu’il y avait quarante-neuf « oui » et un seul « non », et que Mieke pouvait donc quitter la ville pour suivre celui qu’elle aimait.

Alors, tous les bourgeois se regardèrent avec de bons sourires, en échangeant de grandes poignées de mains pour se féliciter d’avoir fait acte de citoyens si sagement et de si bon accord. Il n’y avait que le grand Willhem qui faisait un drôle de nez, parce que tout le monde savait bien que c’était lui qui avait voté « non », et que cela le rendait ridicule d’être seul de son avis.

Et voilà comment les citoyens libres de Tschwytz autorisèrent la petite Mieke à quitter, pour suivre bien loin celui que son cœur avait choisi, cette singulière petite ville où les femmes n’avaient pas le droit de voter, parce que les femmes ne savent pas elles-mêmes ce qu’elles veulent.