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Le mariage de Mieke


Voilà longtemps, bien longtemps, il y avait, tout au nord de la Hollande, dans la région que le golfe de Zuyderzée a recouverte depuis, une bienheureuse petite ville qui se nommait Tschwytz, parce qu’il faisait très froid et que tout le monde était enrhumé le jour où on l’avait baptisée. Les gens du pays prononçaient très bien ce nom, parce qu’on les y habituait quand ils étaient encore tout petits. La ville de Tschwytz n’était habitée que par cinquante bourgeois, sans compter, bien entendu, leurs femmes et leurs enfants. Chacun des cinquante bourgeois vivait de ses petites rentes, dans sa petite maison où il y avait un petit pot de tulipes à la fenêtre, un petit canari dans sa cage, et une grosse horloge avec un gros balancier en cuivre qui faisait tic tac. C’étaient des gens très heureux que les bourgeois de Tschwytz. Pendant toute la journée, ils n’étaient occupés qu’à fumer de longues pipes de Gouda, sur le pas de la porte en été, au coin de l’âtre en hiver, tandis que leurs épouses tricotaient de bons gros bas de laine. À cinq heures, les cinquante bourgeois prenaient leur chapeau en disant :

— Ma chère amie, je vais au cercle. Je rentrerai à sept heures précises. Veillez à ce que le souper soit prêt.

Et, de cinq à sept heures, ils faisaient des parties de dominos, en fumant leurs longues pipes, en bu-