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Pas une aile visible, mais d’innombrables voix gazouillent dans les branches ; on dirait que c’est la forêt toute entière qui chante.

Oh ! ces voix de cigales syriennes, voix d’été lumineux passé sur les sommets qui, vus de la mer, semblent perdus dans l’azur impalpable… Oh ! ces heures suaves qui s’écoulent oisives, rêveuses, nonchalantes, libres de toutes les entraves mondaines et les exigences sociales… Avec quelle impatience croissante je les attendais !

Quel bonheur de jouir de cet horizon éblouissant, des ondulations infinies des montagnes et des champs, de toute l’immensité bienheureuse de la mer lointaine, et de l’intensité caressante de cette lumière qui coule généreusement du sein du firmament remplissant la forêt de guirlandes d’ombre et de couleurs éclatantes, et déversant sur tout ce qui nous environne une voluptueuse béatitude !

Mais un grand nuage blanc voile le soleil et tout l’horizon s’emplit d’une douce et discrète mélancolie ; la brise fraîche fait trembler les feuilles en balançant les minces cimes des pins amis… Que j’aime la délicatesse de cette teinte qui n’a aucune couleur, aucun nom… c’est une langueur de nuit finissante, de crépuscule naissant ; c’est une âme pure qu’un triste souvenir endolorit, ce sont de beaux grands yeux que les larmes voilent…