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DE LA PHILOSOPHIE NATURELLE.

& celle du Soleil ; la réflexion de la lumiere ſur la terre & dans les Planettes, doivent être attribuées reſpectivement aux mêmes cauſes.

REGLE III.
Les qualités des corps qui ne ſont ſuſceptibles ni d’augmentation ni de diminution, & qui appartiennent à tous les corps ſur leſquels on peut faire des expériences, doivent être regardées comme appartenantes à tous les corps en général.

On ne peut connoître les qualités des corps que par l’expérience, ainſi on doit regarder comme des qualités générales celles qui ſe trouvent dans tous les corps, & qui ne peuvent ſouffrir de diminution, car il eſt impoſſible de dépouiller les corps des qualités qu’on ne peut diminuer. On ne peut pas oppoſer des rêveries aux expériences, & on ne doit point abandonner l’analogie de la nature qui eſt toujours ſimple & ſemblable à elle-même.

L’étendue des corps ne ſe connoît que par les ſens, & elle ne ſe fait pas ſentir dans tous les corps : mais comme l’étendue appartient à tous ceux qui tombent ſous nos ſens, nous affirmons qu’elle appartient à tous les corps en général.

Nous éprouvons que pluſieurs corps ſont durs : or la dureté du tout vient de la dureté des parties, ainſi nous admettons cette qualité non ſeulement dans les corps dans leſquels nos ſens nous la font éprouver, mais nous en inférons, avec raiſon, que les particules indiviſées de tous les corps doivent être dures.

Nous concluons de la même maniere, que tous les corps ſont impénétrables. Car tous ceux que nous touchons étant impénétrables, nous regardons l’impénétrabilité comme une propriété qui appartient à tous les corps.

Tous les corps que nous connoiſſons étant mobiles, & doués d’une certaine force (que nous appellons force d’inertie) par laquelle ils perſéverent dans le mouvement ou dans le repos, nous concluons que tous les corps en général ont ces propriétés. L’extenſion, la dureté, l’impénétrabilité, la mobilité, & l’inertie