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hardi chasseur n’osait poursuivre le gibier dans son enceinte. Une fois cependant un chasseur qui avait perdu sa route pénétra jusqu’au Roc du Jardin, où il aperçut nombre de gourdes placées dans les fourches des arbres. Il s’empara de l’une d’elles et se hâta de fuir, mais dans la précipitation de sa retraite il la laissa tomber parmi les rochers, d’où jaillit un torrent qui le balaya et l’emporta au fond des précipices, où il fut mis en pièces. Le torrent prit sa route vers l’Hudson, et il coule encore aujourd’hui, car c’est le même que celui que l’on connaît sous le nom de Kaaters-kill. »


LES ÉCRIVAINS ANGLAIS ET L’AMÉRIQUE.


Je crois voir dans mon esprit une noble et puissante nation se levant comme un homme robuste après le sommeil et secouant ses boucles invincibles ; je crois la voir, comme un aigle, revêtant son héroïque jeunesse et allumant ses yeux éblouis aux pleins rayons d’un soleil de midi.
Milton, sur la liberté de la presse.


C’est avec un sentiment de profond regret que j’observe l’animosité littéraire qui croît chaque jour entre l’Angleterre et l’Amérique. Une grande curiosité a été récemment excitée au sujet des États-Unis, et la presse anglaise a enfanté bien des volumes de voyages à travers la République ; mais ils semblent faits pour répandre l’erreur plutôt que la vérité, et ils ont si bien réussi, que, malgré les rapports constants qui existent entre les deux nations, il n’y a pas de peuple sur lequel la grande masse du public anglais ait des notions plus erronées, contre lequel elle nourrisse de plus nombreux préjugés.

Les voyageurs anglais sont les meilleurs et les pires voyageurs du monde. Quand il n’entre en jeu aucune considération d’amour-