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rein de profonde jouissance pendant qu’il brandissait cette énorme coupe. L’ayant portée à ses lèvres, en adressant à toutes les personnes présentes des vœux sincères pour une joyeuse fête de Noël, il la fit circuler, pleine jusqu’aux bords, autour de la table, afin que chacun suivît son exemple, conformément à l’usage d’autrefois ; la déclarant « l’antique source des bons sentiments, où se rencontraient tous les cœurs »[1].

Il y eut beaucoup de rires et de plaisanteries pendant que circulait, recevant des dames une modeste accolade, cet honnête symbole de la gaieté de Noël. Lorsqu’il parvint à Maître Simon, celui-ci l’éleva dans ses deux mains, puis, de l’air d’un joyeux compagnon, il entonna une vieille chanson sur le wassail :


Saisis la coupe aux tons dorés,
La large coupe aux tons dorés ;
Verse
En la faisant vivement circuler,
Reverse ;
Laisse le monde à son aise parler,
Et mets, crois-moi, tous tes tonneaux en perce.
 
Accole l’immense bidon,
L’immense, le joyeux bidon ;
Chante,
Car du plaisir il faut suivre la loi,
Plaisante ;
Et, plus heureux que le plus heureux roi,
Lâche la bride à ta gaîté puissante[2].


La conversation pendant le dîner roula en grande partie sur

  1. La coutume qui consistait à boire dans la même coupe fit place à celle d’avoir chacun la sienne. Quand le majordome approchait de la porte avec le wassel, il avait à crier par trois fois : Wassel, wassel, wassel ; le chapelain devait y répondre par une chanson. — Archœologia.
  2. Extrait de l’Almanach du pauvre Robin.