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LE JOUR DE NOËL.


Nuit sombre, nuit trop lente à replier les ailes,
Disparais et fais place à ce bienheureux jour
Où Décembre de Mai ramène le retour.
................
Matin d’hiver, pourquoi sous ton linceul glacé
Souris-tu comme un champ par le vent balancé,
Qui fait chatoyer l’or de ses épis ? Ô brise,
Pourquoi nous apporter des parfums de printemps,
De pré qu’on a fauché ? Quelle douce surprise ! —
Mais il n’est pas permis de s’étonner longtemps.

Herrick.


Le lendemain, quand je m’éveillai, il me sembla que tous les événements de la soirée précédente n’avaient été qu’un songe, et l’identité de la chambre gothique put seule me convaincre de leur réalité. Comme je rêvais, la tête appuyée sur l’oreiller, j’entendis un bruit de pieds trottinant menu derrière la porte ; on se consultait en chuchotant. Bientôt, un chœur de voix enfantines entonna un vieux noël dont le refrain était :

Au milieu de ce jour le Christ a pris naissance,
Réveillez-vous.

Je me levai doucement, passai sans bruit mes vêtements, ouvris tout à coup la porte, et aperçus l’un des plus féeriquement délicieux petits groupes qu’un peintre pût imaginer. Il se composait d’un garçon et de deux filles, dont l’aîné n’avait pas plus de six ans, et beaux comme des séraphins. Ils faisaient le tour de la maison, et venaient ainsi chanter à toutes les portes ; mais mon apparition soudaine les effraya et les fit rentrer dans un timide silence. Ils demeurèrent un instant à jouer de leurs doigts sur leurs lèvres, lançant de temps à autre à la dérobée, de des-