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et peu accommodantes dont les vieux garçons sont si peu charitablement accusés. C’était la chronique vivante de la famille, étant versé dans la généalogie, l’histoire et les alliances de la maison des Bracebridge, ce qui faisait de lui le favori des vieillards ; c’était en outre le petit-maître de toutes les vieilles dames et des filles surannées, parmi lesquelles il était habituellement considéré comme un jeune homme, et le grand ordonnateur des jeux parmi les enfants ; de telle sorte qu’il n’y avait pas d’être plus populaire, dans la sphère où il se mouvait, que M. Simon Bracebridge. Depuis quelques années il avait presque entièrement demeuré avec le Squire, dont il était le factotum, et qu’il charmait singulièrement en se mettant au pas de son humeur pour ce qui était du vieux temps, en ayant toujours un lambeau de vieille poésie pour chaque circonstance. Nous eûmes alors un échantillon du talent susmentionné, car le souper ne fut pas plus tôt enlevé et les vins épicés et autres boissons particulières à la circonstance introduits, qu’on eut recours à maître Simon pour une bonne vieille chanson de Noël. Il se recueillit pendant un instant ; enfin, avec une étincelle dans les yeux et une voix qui n’était en aucune façon mauvaise, si ce n’est qu’elle dégénérait parfois en fausset, comme les notes d’un chalumeau fêlé, il tremblota cette vieille et joyeuse chanson :


À la fin de Noël est arrivé le jour !
De coups précipités martelons le tambour ;
Appelons nos voisins, tous ils trouveront place ;
Et quand leur groupe ami sera formé, qu’on fasse
Chère lie et grand feu : si bon leur semble, alors,
La brise et la froidure en rageront dehors, etc.


Le souper avait disposé chacun à la gaieté : un vieux joueur de harpe dut venir de l’office, où il s’était démené toute la soirée, et, suivant toute apparence, réconforté avec l’excellente bière du Squire. C’était, me dit-on, une espèce de parasite du logis ; il habitait ostensiblement le village, mais on le trouvait plus souvent dans la cuisine du Squire que dans sa propre maison, le vieux gentilhomme aimant à la passion le son de « la harpe dans la grand’salle ».