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Pendant l’hiver, lorsque les jours sont courts, le service de l’après-midi s’accomplit aux flambeaux. C’est d’un très-bel effet de voir le chœur partiellement éclairé dans le haut, tandis que le corps principal de la cathédrale et les transepts sont plongés dans une profonde et lugubre obscurité. Les vêtements blancs des chantres se détachent vigoureusement sur le brun foncé des boiseries de chêne et des baldaquins. Cette illumination partielle fait projeter aux colonnes et aux grilles des ombres colossales, et, pénétrant comme une flèche dans les ténèbres environnantes , met çà et là en relief quelque décoration funèbre ou quelque effigie de monument. Les accords grossissants de l’orgue s’harmonisent bien avec le tableau.

Quand le service est terminé, le doyen est éclairé jusqu’à son logement, qui se trouve dans la partie vieille de l’édifice, par les enfants de chœur revêtus de leurs robes blanches, portant des flambeaux, et le cortége traverse ainsi l’abbaye, passe le long des cloîtres pleins d’ombre, éclairant par en haut les angles, les arceaux, les monuments refrognés des tombes, et ne laissant derrière lui que ténèbres.


Quand on entre la nuit dans les cloîtres par ce que l’on appelle la cour du Doyen, l’œil, errant le long d’un sombre passage voûté, entrevoit dans le fond une figure en marbre blanc qui s’incline sur une tombe. La lueur éblouissante projetée par un bec de gaz donne à cela je ne sais quoi de fantastique et de lugubre. C’est le monument mural d’un membre de la famille des Pultney.

Les cloîtres méritent bien d’être visités au clair de lune, quand la lune est dans son plein.