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Ayant satisfait sa curiosité, le chantre replaça le crucifix et la chaîne dans le cercueil, et chercha le doyen pour lui faire part de sa découverte. Le doyen n’étant pas visible dans ce moment, comme il craignait que le « saint trésor » ne fût enlevé par d’autres mains, il se fit, deux ou trois heures après, accompagner jusqu’à la châsse par un chantre son camarade, et en sa présence retira de nouveau les reliques. Il les remit ensuite, à genoux, au roi Jacques. Le roi fit par la suite enclore l’ancien cercueil dans un neuf d’une extrême solidité, « chaque planche, large de deux pouces, et les planches s’emboîtant au moyen de coins en fer, où il est aujourd’hui (1688), témoignage de sa pieuse sollicitude, pour que nul outrage ne pût arriver jusqu’aux cendres saintes qui y sont déposées. »

L’histoire de cette châsse renfermant une grande moralité, j’en joins ci-dessous la description, telle qu’on l’a faite de nos jours. « La châsse, solitaire et lugubre, dit un auteur anglais, n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était jadis. Quelques légers vestiges de ses étincelantes décorations, incrustées sur mortier solide, attirent les rayons du soleil, mais elle a pour jamais perdu sa splendeur… Il ne reste plus que deux des colonnes en spirale. Le chapiteau ionique en bois est à peu près brisé, et couvert de poussière. La mosaïque est enlevée dans tous les endroits à portée de la main ; quant aux losanges, il n’en reste plus guère que sur un espace d’un pied carré et sur cinq morceaux circulaires de ce superbe marbre. » — Malcolm, Lond. Rediv.


Inscription se trouvant sur un monument auquel il est fait allusion dans l’esquisse :

Ici repose le loyal duc de Newcastle, et la duchesse sa seconde femme, dont il n’eut aucun rejeton. Elle se nommait Margaret Lucas, et était la plus jeune sœur de lord Lucas de Colchester, une noble famille, car tous les frères étaient braves et toutes les sœurs vertueuses. Cette duchesse était une femme prudente, spirituelle et instruite, le grand nombre de ses livres en fait foi ; elle fut une très-vertueuse, très-attentionnée, très-aimante épouse, et se tint auprès de son mari tout le temps que durèrent son exil et ses misères, et quand il fut revenu le suivit toujours dans ses retraites solitaires.