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mort. C’est ainsi que l’homme s’évanouit : son nom disparaît des archives et des souvenirs ; son histoire est comme un conte qui se répète, et son monument même devient une ruine.

NOTES
CONCERNANT L’ABBAYE DE WESTMINSTER.

Vers la fin du sixième siècle, alors que la Grande-Bretagne, sous la domination des Saxons, était idolâtre et barbare, le pape Grégoire le Grand, frappé de la beauté de quelques jeunes Anglo-Saxons exposés en vente sur une place publique à Rome, se prit d’affection pour la race et résolut d’envoyer des missionnaires prêcher l’Évangile parmi ces beaux mais sauvages insulaires. Il y fut encore plus décidé quand il eut appris qu’Ethelbert, roi de Kent, et le plus puissant des princes anglo-saxons, avait épousé Bertha, princesse chrétienne, fille unique du roi de Paris, et que l’on avait stipulé pour elle le plein exercice de sa religion.

L’adroit pontife connaissait l’influence des femmes en matière de foi religieuse. Incontinent il dépêcha Augustin, moine romain, avec quarante de ses collègues, à la cour d’Ethelbert, à Cantorbéry, pour arriver à convertir le roi et à avoir par son moyen un pied dans l’île.

Ethelbert les reçut avec circonspection, et leur accorda une entrevue en plein air, car il se défiait des intrigues des prêtres étrangers, et redoutait les charmes et la magie. Mais à la fin ils réussirent à en faire un aussi bon chrétien que sa femme : la conversion du roi amena nécessairement la conversion de ses loyaux sujets. On récompensa le zèle et le succès d’Augustin en le faisant archevêque de Cantorbéry, et en plaçant sous son autorité toutes les églises d’Angleterre.

Un des plus illustres convertis fut Sigebert, ou Sebert, roi des Saxons de l’Est, et neveu d’Ethelbert. Il régnait à Londres, dont Mellitus, un des moines romains qui avaient accompagné Augustin, fut nommé évêque.

Sebert, en 605, dans son zèle religieux, fonda sur la rive droite du fleuve et sur les ruines d’un temple d’Apollon, à l’ouest de la ville, un monastère qui fut, de fait, l’origine de l’édifice actuel qui a nom l’Abbaye de Westminster. On fit de grands préparatifs pour la consécration de l’église, qui devait être dédiée à saint Pierre. Le matin du jour désigné, Mellitus, l’évêque, s’avança solennellement et en grande pompe pour accomplir la cérémonie. Comme il approchait de l’édifice,