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Oui, vas au tombeau de celle que tu aimais, et médite. Là, récapitule avec ta conscience toutes les bontés passées demeurées sans retour, — toutes les preuves d’affection passées auxquelles tu ne t’es pas arrêté, que t’a données cet être qui n’est plus, qui ne pourra jamais — jamais — jamais revivre pour être touché par ton repentir !

Si tu es un fils, et que tu aies jamais ajouté une douleur à l’âme, une ride au front argenté d’une tendre mère — si tu es époux, et que tu aies jamais fait douter un seul instant de ta tendresse ou de ta sincérité le sein charmant qui risqua tout son bonheur dans tes bras — si tu es ami, et que tu aies jamais, en paroles, en pensées ou en actions, fait injure à cette ombre généreuse qui mit sa confiance en toi — si tu es amant, et que tu aies jamais jeté dans ce cœur sincère qui maintenant gît immobile et froid sous tes pieds une angoisse imméritée ; — sois sûr alors que tous ces regards cruels, tous ces mots offensants, toutes ces actions mauvaises, se presseront en foule aux abords de ta mémoire, et frapperont lugubrement aux portes de ton âme ; — sois sûr alors que tu t’agenouilleras triste et repentant sur sa tombe ; que tu pousseras des gémissements inutiles et répandras des larmes qui ne seront point comptées ; d’autant plus profonds et plus amères qu’ils seront inutiles, qu’elles ne seront pas comptées !

Tresse alors ta guirlande de fleurs, et jonche son tombeau des beautés de la nature ; soulage, si tu le peux, avec ces tendres, et cependant futiles tributs de regret, ton esprit abattu ; mais prends conseil de l’amertume de cette affliction repentante que tu verses sur les morts, et désormais sois plus exact et plus chaud dans l’accomplissement de tes devoirs envers les vivants.


En écrivant le précédent article je n’avais pas l’intention d’offrir au lecteur d’amples détails sur les coutumes funèbres des paysans de l’Angleterre, mais uniquement de présenter quelques idées et quelques citations donnant le mot de rites particuliers, lesquelles devaient être annexées, sous forme de note, à un autre travail qui n’a pas été terminé. L’article grossit insensiblement jusqu’à ce qu’il eût revêtu sa forme actuelle, et je mentionne ceci