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DEUX MOTS DE L’AUTEUR ET DE SON LIVRE
PAR LUI-MÊME.


Je suis de cet avis avec Homère, que semblable à l’escargot qui sortait en rampant de sa coquille et qui, changé bientôt en crapaud, était par là contraint de se faire un siége sur lequel il pût s’asseoir, le voyageur qui erre loin de son pays prend dans un court espace de temps une figure si étrange, qu’il est obligé de modifier à la fois son séjour et ses habitudes, et de vivre où il peut, non où il voudrait.
Lily. — Euphues.


Assister à de nouvelles scènes, observer des caractères et des mœurs inconnus, eut toujours beaucoup d’attrait pour moi. Je n’étais encore qu’un enfant que déjà je commençais à voyager, à faire de nombreuses excursions. J’allais à la découverte des parties non visitées, des régions ignorées de ma ville natale, le tout à la fréquente alarme de mes parents et au profit du crieur public. En grandissant j’étendis le cercle de mes observations. Mes après-midi de congé se passaient à vaguer autour des pays environnants. Je m’en rendis familiers tous les endroits historiquement ou fabuleusement célèbres. Je connaissais tous les lieux où s’était commis un vol, un assassinat, où s’était fait voir un fantôme. J’explorai les villages voisins, et ajoutai beaucoup à la somme de mes connaissances en notant leurs mœurs et leurs coutumes, en conversant avec leurs sages et leurs grands hommes. Une fois je pous-