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lèrent de nouveau jusqu’à l’entrée. Et le fouet de claquer, les sabots des chevaux de retentir, les harnais d’étinceler. Les chevaux partirent comme d’un bond ; les villageois se rangèrent encore précipitamment à droite et à gauche ; les roues soulevèrent un nuage de poussière, et l’ambitieuse famille disparut à tous les yeux dans un tourbillon.


LA VEUVE ET SON FILS.


Pitié pour le vieillard ; ses cheveux argentés
Ont été de tout temps honorés, respectés

MarloweTamerlan.


Ceux qui sont dans l’usage de remarquer les choses de ce genre doivent avoir été frappés du calme passif d’un paysage anglais le dimanche. Le cliquetis du moulin, l’incessant et régulier tapotement du fléau, la voix étourdissante du marteau de forge, le sifflement du laboureur, le bruit sourd des charrettes, et tous autres bruits formant à la campagne le cortège du travail, sont suspendus. Les chiens de ferme eux-mêmes aboient moins souvent, étant moins dérangés par les voyageurs qui passent. Parfois alors je me suis imaginé que les vents s’étaient évanouis, et que le paysage baigné de soleil, avec ses belles teintes vertes bleuissant sous leur gaze de brouillard, savourait le repos consacré.

Jour charmant, calme et pur, un jour plein de lumière,
Où s’accomplit l’hymen du ciel et de la terre.

C’est avec raison qu’on a voulu que le jour de la dévotion fût aussi le jour du repos. Le calme saint qui règne sur la face de la