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sette au milieu des montagnes agrestes et des vallons solitaires de l’Écosse. C’est ainsi qu’il a entrelacé son souvenir à ce qu’il y a de plus gracieux et de plus aimable dans le caractère national : il a embaumé sa mémoire dans des chants, et fait flotter son nom jusqu’aux siècles futurs sur les riches courants de la mélodie écossaise. Tous ces souvenirs réchauffaient mon cœur pendant que mes pas foulaient le silencieux théâtre de sa captivité. J’ai visité Vaucluse avec autant d’enthousiasme qu’un pèlerin visiterait le reliquaire de Lorette ; mais je ne me suis jamais senti une plus grande dévotion poétique que lorsque je contemplai la vieille tour et le petit jardin de Windsor, et que je rêvai doucement aux romanesques amours de lady Jane et du royal poëte d’Écosse.


L’ÉGLISE DE CAMPAGNE.


Gentilhomme ! vraiment ! gentilhomme épicier ?
Gentilhomme drapier ? gentilhomme mercier ?
Comment débitez-vous la noblesse bourgeoise ?
Dites : est-ce à la livre, ou bien est-ce à la toise ?

Le Buisson du mendiant.


Il est peu d’endroits qui soient plus favorables aux études de caractère qu’une église de campagne en Angleterre. Je fus une fois passer quelques semaines chez un ami qui résidait dans le voisinage d’une église de ce genre, dont l’aspect frappa vivement mon imagination. C’était un de ces ravissants échantillons de la vieille, vieille manière qui répandent un charme si particulier sur le paysage anglais. Debout au milieu d’un pays rempli d’anciennes familles, elle contenait, sous ses ailes froides et silencieuses, la cendre amoncelée de je ne sais combien de nobles générations. Les murs, à l’intérieur, étaient incrustés de monuments