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ciété, ce qui fait que chaque génération a certains traits en commun, caractéristiques du siècle dans lequel elle a vécu.

Jacques, dans le fait, appartient à l’une des ères les plus brillantes de notre histoire littéraire ; il établit les droits de son pays à la participation de cette gloire et de ces honneurs. Tandis qu’on parle constamment d’un petit groupe d’écrivains anglais comme des pères de notre poésie, on est assez enclin à passer sous silence le nom de leur illustre frère d’Écosse ; mais il mérite évidemment d’être enrôlé dans cette petite constellation de flambeaux reculés, mais brillant toujours, qui étincellent au plus haut du firmament littéraire, et qui, semblables à autant d’étoiles du matin, ont uni leurs voix pour saluer l’aube brillante de la poésie anglaise.

Tel de mes lecteurs qui peut n’être pas familier avec l’histoire d’Écosse (bien que la manière dont elle a été de nos jours enlacée aux fictions les plus intéressantes en ait fait une étude universelle) peut être curieux d’apprendre quelque chose de l’histoire subséquente de Jacques, et du sort de ses amours. Sa passion pour lady Jane l’avait consolé d’être captif ; elle facilita son élargissement, la cour ayant imaginé qu’une alliance avec le sang royal d’Angleterre l’attacherait à ses intérêts. Il finit par recouvrer sa liberté et sa couronne, après avoir préalablement épousé lady Jane qui le suivit en Écosse, et qui fut pour lui l’épouse la plus tendre et la plus dévouée.

Il trouva son royaume dans une grande agitation, les seigneurs féodaux ayant profité des troubles et du désordre amenés par un long interrègne pour se fortifier dans leurs possessions et se placer au-dessus du pouvoir des lois. Jacques s’efforça de poser les fondements de sa puissance sur l’affection de son peuple. Il s’attacha les classes inférieures en réformant les abus, en rendant l’administration de la justice plus douce et plus uniforme, en encourageant les arts de la paix, en se faisant le promoteur de tout ce qui pouvait répandre la consolation, l’aisance et les plaisirs innocents dans les rangs les plus humbles de la société. Il se déguisait parfois pour frayer avec le menu peuple ; visitait leur intérieur, entrait dans leurs préoccupations, leurs poursuites et leurs amusements ; s’instruisait dans les arts mécaniques, s’enquérant comment il pourrait le mieux les protéger et les faire