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Que toujours les époux variant les plaisirs,
Presqu’aussi-tôt éteints raniment leurs desirs
Prouve-leur qu’embellir le nœud qui les engage,
Ce n’est pas se livrer au vil libertinage ;
Que de l’excès surtout, redoutant le poison,
Au sein des voluptés ils suivent la raison :
Sous la satiété quand notre âme succombe,
Nos plaisirs les plus vifs descendent dans la tombe,
Il faut pour bien jouir, savoir se modérer :
Qui veut goûter son vin ne doit pas s’enivrer.
Mais je veux quelque jour, Amour, si tu l’acceptes
Réduire l’art de foutre en de sages préceptes ;
Aujourd’hui seulement pour éprouver ma lyre,
Je ne veux que chanter ton aimable délire :
Viens soutenir ma voix, et que par mes essais,
Tout l’univers fouteur présage mes succès.