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Répondez-moi, Docteurs, vos lois religieuses
Me semblent sur ce point, sottement rigoureuses :
Si l’Etre tout-puissant n’a rien fait par erreur,
Un plaisir qu’il créa doit il nous faire horreur ?
Aux vertus, dites vous, ce plaisir est contraire ;
Il éteint dans nos cœurs leur germe salutaire.
Si le ciel l’a créé, c’est pour nous éprouver,
Pour faire des enfans ; et non pour y trouver
Cet attrait dangéreux, dont la cruelle flamme
S’échappe de l’enfer pour consumer notre âme :
Il veut que deux époux, dans leur chaste union
Portent tous leurs regards vers la religion ;
Et que loin d’inventer des postures lascives
Qui rendent leurs ardeurs encore plus actives,
Il gourmandent leurs sens et conjurent les sains
De leur faire créér des enfans purs et sains ;
L’église enfin défend la volupté charnelle ;
La grace avec l’église étant coéternelle,