Page:Instructions familieres comprises en IV. traitez, pour enseigner aux Enfans, 1741.pdf/7

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voyelle e est encore mise pour a, devant une m, comme : embaras, emploi, tempête, &c. de même devant une n, exemple, Enfans, Enfer, & aux adverbes finis en ant, entierement, & aux noms finis en ent, Orient, Argent ; mais non pas devant deux nn, de suite, comme mienne, tienne, sienne, ennemis excepté ennuyer. L’e est encore employé pour i. Exemple mien, tien, sien, bien, entretien, &c.

Les diftongues suivantes embarassent aussi la lecture & l’Ortografe : ea pour a seul, ao, eo, au, oo, pour un o seul : ae, ai, ei, eu, oe, oi, eai, oei, pour un e seulement.

Les consonnes causent aussi plusieurs grandes difficultez ; Car le C est employé très-souvent pour le Q, devant a, o, u : Le même C est encore mis à la place de l’S devant e & i. Le G est mis pour J devant e & i. Le T & le C sont mis pour une S, & l’S pour le Z. Le Q est suivi d’un u inutile devant a, o, u.

On peut encore mettre de ce nombre quantité de syllabes de 4, 5, 6, & 7 lettres desquelles plusieurs ne s’y prononcent pas ; & tant d’autres mots habillez de l’Ortografe & de l’étimologie inutile des Langues anciennes & étrangéres.

Toutes ces difficultez que l’on vient d’exposer pourroient être entierement ôtées par une bonne Ortografe naturelle ; mais ce grand changement si necessaire & si desiré du Public ne se peut faire que par un bon usage de l’Alfabet. Ce qui arriveroit enfin, si les personnes de lettres commençoient à y donner un temperamment si raisonnable qu’il pût servir de principe & de fondement pour une bonne, veritable & facile Ortografe, en commençant de l’introduire dans l’impression de leurs livres par les choses les plus aizées à reformer ; Le public en tireroit assurement ces quatre grands avantages ; Le 1. que l’Ortografe deviendroit enfin si aizée qu’en toutes sortes de personnes la pourroient facilement