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3. C’est de leur dicter quelque discours ; ou de les faire copier dès qu’ils en sont capables, de corriger ce qu’ils auront écrits, ou qu’ils se corrigent l’un l’autre avec beaucoup de fidélité & d’exactitude, sans se pardonner une seule lettre, ni même aucun point, ni virgule, ni accent, ni quoi que ce soit.

4. Enfin c’est de les faire disputer les uns contre les autres pour leur réveiller l’attention, leur donner de l’émulation, & l’envie d’emporter le prix qui aura été proposé pour la victoire.

On connoîtra la necessité & l’utilité de ces quatre moyens, & particulierement du premier, si on considere les grandes difficultés de l’Ortografe ordinaire.

On écrit plus de la moitié des mots autrement qu’on ne les prononce.

Une même lettre est fort souvent employée pour une autre, sans aucune necessité, comme dans ti-ci si, Exemple, Praticien, repetition, &c.

Il y a quantité de lettres inutiles que l’on ne prononce point dans les mots.

La seule voyelle e sert à sept voix differentes : Savoir pour é, ai, ais, eu, e, a, & i. Et cependant elle n’a qu’un seule Nom, ce qui embarrasse les enfans qui aprenent à lire. Elle fait eu, feminin fin & delié à la fin des mots comme dans, bonne, femme. Et elle fait eu, plus plain & plus sensible, comme dans : recevoir ; demeure seulement, &c. Elle fait é, Masculin fermé comme dans, verité ; donné. Elle fait es, sans faire sonner S, dans les mots où l’on mettoit un s, comme dans même, blême, Evêque, & à la fin des mots comme, procez, excez, des, les, mes, &c. L’e Masculin ouvert qui fait comme ai, est souvent confondu dans la prononciation avec l’é, Masculin fermé, au commencement & au milieu des mots, mais jamais à la fin, sinon quand il est suivi d’un t. net, il met. La