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défauts, on est neanmoins contraint de s’y assujétir pour savoir lire toutes sortes de Livres. L’Ortografe Nouvelle, ou la Naturelle, est celle qui n’employe les lettres de l’Alfabet que selon leurs sons & leurs effets naturels, & qui n’en employe qu’autant qu’il en faut pour l’expression de chaque syllabe, sans en mettre d’inutiles.

On suivra dans cette Methode l’Ortografe commune & ordinaire, puisqu’il faut savoir lire toutes sortes d’Ortografes : Cependant on ne laissera pas de faire remarquer, en quelques circonstances des mots de nouvelle Ortografe, qui n’ont rien de contraire aux raisons que les Savans ont de conserver certains mots qu’ils jugent necessaires pour les Siences ; & ce sera plûtôt pour faire voir ce que la Nouvelle Ortografe auroit de commode dans un usage bien reglé & bien raisonnable, si l’on se servoit à propos des lettres de l’Alfabet, selon leur son propre & naturel.

On n’entreprend point ici d’enseigner à bien parler le François ; mais seulement de montrer à des enfans & à des personnes qui n’aprenent pas le Latin, l’Ortografe Françoise la plus commune.

Les moyens que l’on a reconnu les plus propres pour apprendre l’Ortografe sont,

1. D’accoutumer les enfans à distinguer & à épeler les syllabes des mots sur lesquels on les interroge, & de leur en demander trois ou quatre après chaque leçon, selon la portée de leur esprit, dès qu’ils commencent d’aprendre à épeler, ou à lire sans attendre lorsqu’ils commencent d’aprendre à écrire, parce que l’experience fait voir qu’il est trop tard de commencer quand ils sçavent déja lire ; & que ce premier moyen est infaillible pour les rendre insensiblement savans dans l’Ortografe sans aucune peine.

2. C’est de leur faire remarquer & reprendre les fautes des autres.