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de religion dominante, et qu’en les tolérant toutes elle ne doit permettre à aucune d’usurper sur ses rivales, une suprématie, une autorité prépondérante, ni par conséquent aucun des signes extérieurs qui la supposent.

Républicains, nous vous parlons ici le langage de la vérité, nous vous la devons toute entière. Lorsque la France n’étoit qu’un royaume, lorsqu’il n’existoit point pour vous de patrie, vos âmes, ardentes et sensibles, avoient besoin peut-être d’un aliment extraordinaire, et vous le trouviez cet aliment dans les pratiques superstitieuses de quelques vertus que vous vous étiez forgées ; et dans ses moments d’affaissement et de fatigue, votre cœur généreux se reposoit avec plaisir dans les idées d’un bonheur que vous ne pouviez pas trouver sur la terre ; mais il est pour le Républicain des jouissances indicibles, qui attachent l’imagination, qui remplissent l’ame, et qui l’élevant par des sensations nobles et grandes au-dessus d’elle-même, la rapprochent réellement de cette essence suprême dont elle découle ; le Républicain n’a d’autre divinité que sa patrie ; d’autre idole que la liberté ; le Républicain est essentiellement religieux, car il est bon, juste, courageux ; le patriote honore la vertu, respecte la vieillesse, console le malheur, soulage l’indigence, punit les trahisons. Quel plus bel hommage pour la Divinité ! Le patriote n’a pas la sottise de prétendre l’adorer par des pratiques inutiles à l’humanité et funestes à lui-même ; il ne se condamne pas à un célibat apparent, pour se livrer plus librement à