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ancêtres mentionnés et dans les sources chinoises et dans les inscriptions turques [1] comme se rattachant aux monuments.

Outre les inscriptions volumineuses en caractères turcs auxquelles je reviendrai tout à l'heure, chacun des deux monuments porte sur l'un de ses côtés, celui de l'Ouest, une, inscription en chinois. Ces dernières sont extraordinairement bien taillées et, au moins dans le mon. I, encadrées d'une large bordure à entre- lacs déliés dont le dessin est d'une grande beauté. L'inscription chinoise du mon. I, en l'honneur de Kul-téghin, est presque complètement conservée. G. von der Gabelentz en a donné une traduction allemande dans Inscr. de VOrkhon. p. XXV et suiv. Une traduction française considérablement améliorée et accom- pagnée de renseignements détaillés, est due à M. G. Schlegel, professeur à Leide (La stèle, funéraire du Téghin Gioghy Mémoires de la société finno-ougrienne, III, Helsingfors, 1892 [2]).

Cette inscription, rédigée au nom de l'empereur de Chine et qui est toute différente de l'inscription turque, commence, d'après la traduction de M. Schlegel. en ces termes: «0, Ciel si bleu! Il n'y çi rien qui ne soit abrité par Toi. Le ciel et les humains sont liés entre eux, et l'univers est homogène. Par son souffle il sépare le Yin et le Yang (les éléments positifs et négatifs), et par ce moyen ils deviennent séparément souverains-maîtres [3].» Vient

  1. I S 12, II N 14. Le mot tare correspondant est barq, que je traduis par édifice.
  2. J'ajouterai que M. W. P. Wassiliew vient d'en donner une traduction nouvelle, dans la 2e livraison, p. 167 et suiv , de Radloff, Die alttùrkischcn InschriJ'tvn der Mongolei (comp. plus loin), livraison qui me parvient seulement au moment où cette partie de mon travail est déjà chez l'imprimeur. Je me permets de reproduire quelques passages de cette traduction pour comparer avec celle de M. Schlegel.
  3. Selon M. Wassiliew: «(Da) dieser blaue Himmel das Ail bedeckt [wôrtl. Nichts nicht bedeckt], (so ist, wenn) Himmel und Menschen gegenseitig einlràchtig sind, das Weltall ganz einheitlich und (es besteht) kein Unterschied. Da (aber, wenn) ihr [des Himmels und der Menschen] Geist sich getrennt hat, die Anwcndung von Jin und Jang eintritt, so erscheinen (dann) verschiedenc Herrecher und Hauptlinge.y» — Dans ma Notice préliminaire, p. 8 (= 292), note 1, j'ai déjà fait remarquer que seul ce passage offre une ressemblance lointaine avec le commencement de l'inscription turque du côté de l'Est: «Quand le ciel bleu en haut et la sombre terre en bas furent créés, entre les deux furent créés les fils des hommes, etc.»