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«Après la mort de son oncle, Kioue-te-kin (c'est-à-dire, en turc, Kül tigin ou tegin, le prince Kul[1]), fils de Kou-tou-lou, ayant rassemblé son ancienne horde, attaqua et tua le fils de Me-tch*oue («le petit khan», voir p. 70) ainsi que tous ses frères, et mit sur le trône son frère aîné Me-kilion, qui prit le titre de Pi(t)-kia kho-han, c'est-à-dire, en turc, Bilgà qayan, le sage kagan [2]. Le nom que ce khan portait dans sa horde, était Siao-

  1. Le mot kûl figure aussi dans le nom de Kûhdur, qui se présente II S 11. Dans l'épopée nationale kirghize sur Semâtâi, un des personnages principaux porte le nom de Kùlâoro, qui y est relié au mot kûl, ileur (voir Radloff, Proben cler Volkslitteratur der iûrk Stâmmc Sûdsibiriens, V, p. 318, V. 22-1' — 225: tKûl uUap tûskôn bniany Kûlôoro kojiip aldy deit» = id., Uebei'setzuny V, p. 321: «Jenem Kinde mit der Blume gab den Namen Kiil Tschoro er»). Est-ce donc qu'aussi en ancien turc le nom de Kûl signifie Jteur tout simplement? Je n'ose le décider; mais tel n'est probablement pas le cas. Car le mol kûl, fleur, qui se retrouve dans diverses langues turques, paraît partout emprunté au persan yul, à proprement parler, rose. Mais alors, on peut difficilement se figurer que ce mot ait existé dans celte période de la langue qui autrement n'admet pas d'emprunts faits à la langue persane. Pour que ladite étymologie soit possible, on devrait forcément supposer que ce mol est du turc véritable et que la ressemblance avec le persan n'est due qu'au hasard. Il est donc plus vraisemblable qu'il faut rattacher le nom de Kûl au mot kûlùj, vaillant (c'est là aussi l'avis de M. Radloff, Die alitûrk. Inschrijten der Monyolei, p. 115). — Dans Voumj pao. Archives, etc, V, Leide 1893, p. 173, M. Schlegel a montré que l'ancienne prononciation du caractère chinois par lequel ce mot est rendu, a été selon toute probabihlé k'ût, et qu'en général, dans les anciennes transcriptions chinoises de mots étrangers, / final est re- présenté par un t (dans son mémoire intitulé La slèle Junrraire du Tèghin Gioyh, il avait suivi la prononciation giok, qui se trouve aussi, et l'avait rendu par Giogh répondant à une forme supposée turque kôk, littéralement «bleu»). — Le mot turc tigiriy tegin, tûyin, prince du sang, employé spécialement en parlant du fils ou du frère du khan, se rend en chinois par te(h)kin ou iik-kin (comp. p 59); autrefois on lisait incorrectement ce mol, là où il appa- raissait dans la littérature chinoise, comme tele, et tel on le trouvera dans la plupart des ouvrages antérieurs. Comp. Devéria, Toung pao II, p. 231; Schlegel, Stèle funéraire, p. 6
  2. Me ki-lien ou, selon M. Schlegel, conformément à l'ancienne prononciation, Mik-kik-lien (comp. aussi Me-kiu plus haut, p. 70) pourrait bien être une