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«Les soldats chargés de les défendre, n'avaient pas un instant de repos.» La force des Turcs résidait surtout dans leur grande célérité: ils paraissaient subitement, se livrant au vol et au brigandage; mais, avant que les troupes chinoises se fussent mises en marche, ils avaient disparu. Ce n'est qu'assez rarement qu'on livrait bataille [1]. Ainsi Ton mentionne, à la date de 706, que le général chinois Cha-tcha-tchong-i «livra bataille aux Tou-kioue, près de Ming-cha, et fut vaincu [2]

«Me-tch'oue, lit-on [3], fier de ses victoires, méprisait le royaume du Milieu et se montrait plein d'orgueil. En général, son armée était presque égale à celle que possédait autrefois Kie-li-khan. Ses États avaient, en long et en large, une étendue de dix mille li; tous les barbares lui étaient soumis. Il donna le gouvernement d'orient à son frère To-si-fou [4], et celui d'occident

  1. Comp. ce qu'avait dit autrefois un empereur chinois (Journ. as. III, p. 547, an 617): «Ce qui fait la supériorité des Turcs, ce sont les cavaliers et les archers. Quand ils se voient dans une position avantageuse, ils s'avancent avec ardeur; mais s'ils aperçoivent du danger, ils s'enfuient avec la rapidité du vent et disparaissent aussi vite que l'éclair, sans pouvoir se maintenir dans leurs rangs. L'arc et la flèche leur servent d'ongles et de dents. La cuirasse et le casque sont leur vêtement ordinaire. Leurs troupes ne marchent pas en ordre, leur camp n'a pas de place fixe. Ils campent partout où ils trouvent des herbes et des eaux; les moutons et les chevaux forment la nourriture de leur armée. S'ils sont vainqueurs, ils s'arrêtent et cherchent les richesses de l'ennemi; s'ils sont vaincus, ils s'enfuient sans éprouver un sentiment de honte. Ils ne prennent pas la peine de veiller pendant la nuit ni de faire des rondes pendant le jour; ils ne font point de dépenses pour construire des retranchements, ni pour se procurer des vivres et des provisions. Mais quand les soldats de la Chine vont en campagne, ils agissent tout autrement. S'ils entrent en lutte avec les Turcs, il est rare qu'ils puissent remporter la victoire.» L'empereur en conclut que, pour les vaincre, il faut adopter leurs procédés. — C'est aussi cette manière de faire la guerre qui explique le fait que le nombre sommaire de batailles qu'indiquent les inscriptions, est toujours inférieur à celui des campagnes (comp. I E 15 et 18).
  2. Journ. as. IV, p. 424 Je suppose que c'est la même bataille à laquelle fait allusion la p. 426 du même endroit, et où ce même général perdit près de dix mille hommes. L'année suivante il fut de nouveau «battu par les Tou-kioue», ibid. p. 427. Comp. I E 32 et note 39; II E 26.
  3. Ibid. p. 424. Deguignes, p. 451.
  4. Ou Tousik beg, Schlegel, 1. c, p. 23.