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ratrice, les opinions étaient fort partagées; mais on finit par résoudre td'accéder à ses demandes. En conséquence, on lui accorda du millet, des instruments d'agriculture et plusieurs milliers de tentes des Turcs soumis. Par suite de ces circonstances, les Tou-kioue devinrent très puissants.»

Ensuite l'impératrice ordonna à son propre neveu, qui, on se le rappelle (comp. plus haut), n'appartenait pas aux Thang, et qu'elle destinait à lui succéder, d'aller demander au khan une de ses filles. Mais le khan le fit jeter en prison et déclara dans les termes les plus injurieux qu'il ne voulait donner sa fille qu'à un prince de la dynastie des Thang, dont les Turcs avaient reçu tant de bienfaits, et qu'avec toutes ses troupes il voulait courir au secours des deux princes survivants de la dynastie pour empêcher qu'on ne leur enlevât l'empire. Cette réponse, accompagnée d'une lettre d'une teneur pareille, fut cause coopérante que l'impératrice fit revenir l'empereur son fils à la cour [1].

Ce changement en faveur de l'empereur, n'empêcha point que le khan n'exécutât les menaces qu'il avait proférées. Il se mit à la tête de 100000 cavaliers, se dirigea vers le sud et pénétra en Chine. Toutes les villes situées au nord du Hoang-ho en furent en alarmes; il les prit et les saccagea l'une après l'autre, et semble même être entré dans la province de Chan-toung [2]; «il brûla les chaumières et les maisons, et convertit en désert les bourgs et les villages. L'impératrice fut transportée de colère. Elle rendit un décret par lequel elle mettait à prix la tête de Me-tch'oue, et promettait à celui qui le tuerait le titre de roi et le surnom de Trhan-tch'oue (c.-â-d. celui qui a décapité Me-tch'oue).» En outre on envoya de nouvelles armées contre lui. Mais il se retira sans avoir été rejoint par elles. Auparavant cil prit les hommes et les femmes qu'il avait enlevés de force et les fit périr, au nombre de quatre-vingt-dix mille [3]

Ceci eut lieu en 698, à ce qu'il semble. De la même manière, il entrait tous les ans dans les frontières pour les ravager.

  1. Deguignes. p. 450; Journ. a.s. IV, p. 418.
  2. Ce ne serait pas là la seule fois qu'il envahit cette province; comp. le Journ. as. IV, p. 425 et l'inscription 1 E 17 -- H E 15.
  3. Journ. as. IV, p. 418 et suiv.; p. 415.