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ment mieux adapte, selon lui, ù la réalisation de ses divers plans: il sollicite la permission de marcher contre les Khi-tan rebelles afin de faire preuve de son dévouement. Dans ce temps-là, la Chine était gouvernée par l'impératrice Wou-heou, qui, après avoir déposé son fils, l'empereur Tchoung-tsoung, et l'avoir exilé, avait usurpé le pouvoir. Elle fit même tuer tous les membres de la dynastie régnante des Thang, à l'exception de deux princes, voulant que la couronne échût à un prince de sa propre famille, et à cet effet elle aurait bien accepté le secours des Turcs [1]. Aussi donna-t-elle à Me-tch'oue la permission sollicitée avec le grade de général de la garde de la gauche. «Il amena alors ses soldats, attaqua les Khi-tan et battit leurs principaux chefs [2]. L'impératrice rendit un décret par lequel elle lui donna le nom de Kie-thie-li-chi-ta-chen-yu et lui conféra le titre de Kong-pao-koue-kho-han (c.'à-d. le khan qui, par ses services, a témoigné sa reconnaissance au royaume).» Mais Me-tch'oue ne pensait nullement se contenter de si peu, et, «avant d'avoir reçu l'investiture, il attaqua tout à coup les arrondissements de Ling-tcheou et de Ching-tcheou et tua et enleva de force un grand nombre d'habitants.» Après avoir subi une défaite, il envoya des ambassadeurs pour présenter ses excuses et ses demandes: il désirait devenir le fils de l'impératrice et épouser une princesse chinoise [3], et il ajoutait: 'J'ai des filles que je désire marier aux deux princes' (ceux qui restaient de la dynastie des Thang). De plus, il demandait qu'on lui livrât les Turcs qui s'étaient soumis à la Chine et qui étaient disséminés dans six arrondissements situés près du coude du fleuve Jaune. Enfin il exigeait «un million de boisseaux de millet pour ensemencer ses terres, trois mille instruments d'agriculture et une énorme quantité de fer». Parmi les conseillers de l'impé-

  1. Deguignes, 1. c, p. 450.
  2. Plus lard il subjugua lui-même une partie au moins des Khitan et d'un peuple qui leur était très apparenté et que les Chinois appellent Hi (Deguignes, 1. c; Journ. as. IV, p 455— 57; Visdelou, 1. c, p. 47 a).
  3. Il ne cesse de répéter jusqu'à ses dernières années cette prière; mais toutes les fois qu'il semble Ctre sur le point de voir s'accomplir son désir, il détruit luiniême le résultat par son manque d'égards. Les détails de cette affaire sont insignifiants pour notre sujet, bien que pour lui-même elle jouât toiyours un rôle très important.