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l'ouest, jusqu'à la mer Occidentale (la Caspienne ou le lac Balkach?), sur une étendue de dix mille //; au sud, depuis le nord du grand désert de sables (Cha-mo ou Gobi); au nord, jusqu'à la mer du Nord (le lac Baïkal?), sur un espace de cinq à six mille li, tout lui était soumis[1]).»

«Mo-kan mourut après vingt ans de règne; il délaissa son fils Ta-lo-pien et se donna pour successeur son propre frère cadet. Celui-ci s'appela Tho-po-khan. Il donna à Che-thou, fils d'I-si-khan, le titre de Eul-fo-khan, et le chargea du commandement général de la partie orientale de ses États. Il donna au fils de son frère cadet Jo-tan-khan le titre de Pou-li-khan, et l'établit dans la partie occidentale. A cette époque, Tho-po-khan avait cent mille archers, et il inspirait de sérieuses craintes au royaume du Milieu[2]).» «Il régna pendant dix ans, et mourut de maladie. Après sa mort, les grands de la nation voulurent placer Ta-lo-pien sur le trône; mais, comme sa mère était d'une famille obscure, le peuple ne voulait point se soumettre à lui. D'un autre côté, la mère de 'An-lo (fils de Tho-po-khan) étant d'une famille noble, les Turcs avaient pour lui la plus grande estime. Che-thou, étant arrivé le dernier, s'adressa aux grands et leur dit: 'Si vous placez sur le trône 'An-lo, je veux me mettre à son service avec mes frères; mais si vous lui préférez Ta-lo-pien, je suis décidé à garder les frontières et à l'attendre l'épée au côté et la lance au poing.' Comme Che-thou était d'une haute stature et plein de bravoure, les grands du royaume furent saisis de crainte, et nul n'osa lui faire opposition. En conséquence, ils prirent aussitôt 'An-lo pour succéder à Tho-po-khan. Talo-pien, n'ayant pu monter sur le trône, ne se soumit pas du fond du cœur à 'An-lo. Chaque jour il envoyait des hommes pour l'injurier et Taccabler d'affronts. 'An-lo, ne pouvant réprimer ces outrages, céda le trône à Che-

  1. J. as. III, p. 331, 351; G. Schlegel, Stéle funéraire, p. 32 et suiv.; Inscr. de l'Orkhon, p. XVII. — Dix mille li serait environ 5700 kilom., et cinq à six mille li, environ 3000 kilom., — pourvu que le li ait eu alors la même longueur qu'aujourd'hui, ce qui n'est point certain (comp. Bretschneider, l. c, p. 15, note 10) C'est par inadvertance que Stan. Julien traduit «jusqu'à dix mille li de la mer Occidentale» et «jusqu'à cinq à six mille li de la mer du Nord».
  2. Journ. as. III, p. 353.