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vorable, et brûlent le cheval que montait le défunt ainsi que tous les objets qui étaient à son usage. On en recueille les cendres, et on enterre le mort à des époques particulières. Lorsqu'un homme est décédé au printemps ou en été, on attend pour l'enterrer que les feuilles des arbres aient jauni et soient tombées. S'il est décédé en automne ou en hiver, on attend que les feuilles soient poussées et que les plantes soient en fleur. Alors on creuse une fosse et on l'enterre. Le jour des funérailles, les parents et les proches offrent un sacrifice, courent à cheval et se tailladent la figure comme le premier jour où la personne est morte. Après l'enterrement, auprès de la sépulture, on place des pierres et Ton dresse un écriteau [1]. Le nombre des pierres est proportionné à celui des ennemis que le défunt a tués pendant sa vie. [S'il a tuè un homme, on dresse une pierre; il y en a pour qui l'on a dressé jusqu'à cent et mille de ces pierres.] Après la mort d'un père, d'un frère aîné ou d'un oncle, le fils, le frère cadet et les neveux épousent leurs veuves et leurs sœurs.»

«Quoique les Tou-kioue émigrent ou changent de domicile, chacun d'eux a toujours une portion de terre. I-.e khan habite constamment sur le mont Tou-kin [2]. Sa tente s'ouvre du côté de l'orient, par respect pour le côté du ciel où se lève le soleil.» —

«Ils révèrent les démons et les esprits, et croient aux magiciens. Us se font gloire de mourir dans un combat, et rougiraient de finir de maladie. En général, ils ont les mêmes mœurs que les Hiong-nou.» —

D'après les auteurs chinois, les Tou-kioue étaient une race particulière des Hiong-nou (Huns) et demeuraient dans les monts

  1. «Ils dressent une haute porche, pour signaler le tombeau, et construisent au-dessus une maison, dans l'intérieur de laquelle ils peignent la personne du mort, et représentent les combats auxquels il a pris part pendant sa vie», Journ. as. 111, p. 352. Cette remarque doit avoir égard à des cas spéciaux et rares; comp. plus loin, p. 78.
  2. Je ne sais pas la situation exacte de celte localité, mais je suppose qu'elle a appartenu aux ramifications orientales du système des monts Altaï. Deguignes, I, 2, p. 375, «vers les sources de la rivière Irtisch»(?); p. 395. «une des branches des monts Altaï. Inscr. de l'Orkhon, p. XVII. où l'on s'appuie sur le Père Hyacinthe, «au nord d'Ordos». Comp. I K 23, note 32.