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bet sémitique qu'on appelle araméenne [1]). C'est ce que prouvent quantité de ressemblances spéciales dans la forme et la signification des lettres, outre que la direction de l'écriture de droite à gauche concorde aussi particulièrement bien avec cela [2]).

On sait quelle extension prit, à dater des Achéraénides, l'al- phabet araméen dans l'empire perse, et quel rôle important il y a joué. Non seulement il s'y est maintenu longtemps, même sous les

  1. De même que je dois considérer comme arbitraires et mal réussies les interprétations publiées par M. le professeur A. Tôtterman dans divers petits mémoires et portant sur certaines des inscriptions de l'Iénisséi (Souliek), je ne puis pas non plus approuver les rapprochements qu'il établit entre les signes de l'écriture de Souliek et ceux des alphabets sémitiques (Studien uber die SnljeJc- felsen-Inschri/ten dans l'Ôfversigt af Finska Vetensk. Societetens Fôrhandlingar, XXXI, Helsingfors 1889, pi. III; comp. Fûnf Suljekinschriften nach ihren Tex- ten festgestelît, ibid. 1891, in 4", pi. X). Le signe h * est le seul où par hasard nos opinions se rencontrent. — Dans le Babylonian and Oriental Recardy VIT, no 4, déc. 1893, p. 94, M. le professeur Terrien de Lacouperie a formulé l'hypothèse que notre alphabet est une adaptation des caractères indo-bactriens et himyarites. J'avoue que je ne peux aucunement me ranger à cette hypothèse du savant orientaliste. Il est vrai qu'en apparence cet alphabet indo-bactrien présente une certaine ressemblance d'habitus général avec l'alphabet turc; mais cette ressemblance s'efface entièrement, aussitôt qu'on passe aux détails, excepté peut-être un très petit nombre de points (tels que s, f, ï?), ce dont l'explication doit, à mon sens, être cherchée dans une souche commune: l'alphabet sémitique (araméen). En ce qui concerne l'alphabet himyarite, il m'est au contraire im- possible d'y trouver un point de ralliement quelconque pour notre alphabet, et je ne vois pas non plus que les faits historiques invoqués par ce savant auteur, suffisent i écarter les difficultés historiques et chronologiques qui s'opposent à l'admission de ladite hjrpothèse.
  2. Quand on écrit de haut en bas et, de plus, de telle manière que les lignes se suivent de droite à gauche (voir ma Notice préliminaire, p. 4 = 288 et suiv.), j'ai la plus grande tendance à y voir une imitation secondaire du chi- nois, laquelle, surtout dans les inscriptions I et II de l'Orkhon, a dû être très naturelle d'après les circonstances dans lesquelles elles ont été tracées (comp. la traduction). Le fait que dans ce cas les signes sont couchés, montre toutefois qu'antérieurement on a dû avoir l'habitude d'écrire par lignes horizontales, de droite à gauche. Je doute donc qu'on puisse d'emblée mettre ceci en parallèle avec ce que Hiouen-Thsang raconte des habitants de Souli (Kachgar), savoir qu'ils ont une écriture de 32 lettres et qu'ils lisent de haut en bas (Hiouen- Thsang, Mémoires trad. par Stan. Julien, Paris 1857, I, p. 13).