Page:Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées.djvu/192

Cette page n’a pas encore été corrigée

— 190 —

eurs difficultés se rattachent à la question de la valeur de d et de la répartition de d et de t, surtout au commencement d’affîxes. Si l’on considère tous les faits concernant cette question, on est porté à supposer

— mais ce n’est là qu’une hypothèse, et je ne me cache point les doutes qu’on pourra élever là-contre — que le son désigné par les caractères ^ et X, n’a pas été l’explosive d, mais plutôt la fricative 6. Bien que ce son n’existe à présent, à ce qu’il semble, dans aucune des langues turques, son existence à une phase antérieure est en tout cas accusée par le changement respectivement en J, i ou en z^ s dans les langues modernes, à la fin de thèmes ou dans des formations «amorphes» (voir p. 157, n. 44, p. 170, n. 74) ; car ce changement ne peut absolument pas partir directement de l’explosive d^ mais seulement de d, n’importe si ce son a existé de prime abord ou que, de bonne heure, il ait, à son tour, remplacé l’explosive d, (Le changement de d (d) en sifflante {2) dans les dialectes de l’Abakan, doit en tout cas être antérieur à la loi qui y règle aigourd’hui la répartition des sons soufflés et des sons vocahques, et qui a amené, en des cas déterminés, le changement postérieur de z en s. J’ajoute que tout ce phénomène est présenté dans Radloff, Phonetih, §§ 274, 338 comme un «affaiblissement» fortuit, ayant lieu en certains cas, de t [conservé, en soïon, qui a encore d dans le corps des mots devant une voyelle, et en yakoute], respectivement en J ou en s ; comp. VXmbéry, Etym. Wôrterb., p. XVI, où l’historique de ce phénomène reste tout à fait obscure.) La susdite supposition expUquerait aussi pourquoi après n et ly l on n’écrit jamais d en effet, nous voyons que toutes les langues qui ont ailleurs le son 6 (par ex., l’islandais, le danois, le grec moderne, etc.), l’évitent, pour des causes physiologiques évidentes, après ^ et /i et l’y remplacent, règle générale, par l’explosive d. Voilà sans doute pourquoi Ton a formé des signes particuHers pour les combinaisons nd et Id, Id, combinaisons où entre l’explosive d, qui autrement n’a pu figurer qu’assez rarement, et, pour cette raison, on a pu regarder superflu de l’expiimer seule par un signe particulier. Si, à côté de ces signes, on écrit aussi n, l, l -’ t, c’est que sans doute t exprime ici, non pas le t ordinaire, mais cette même explosive d (comp. bààku, dans les inscriptions de l’Iénisséi, au lieu de bààgû, voir p. 25) ; il faut donc qu’on ait trouvé plus naturel d’exprimer ce son par t que par la supposée fricative d (de même peut-être après r, dans des affixes commençant d’ailleurs par d, ou dans des formes comme yty pour *y6dyt, voir p. 22 ?). — J’ajoute que, si l’on a aussi formé un signe particulier pour la combinaison ne, c’est indubitablement que, dans la prononciation de cette combinaison, il a dû y avoir quelque différence d’avec les sons ordinaires n -{- â ; mais cette différence a-t-elle porté sur n {n palatal ?) ou sur â {djl)*} C’est ce qu’on ne peut pas décider.

P. 19, 1. 26, I, to, 50, lire : I, to, 55, à côté de joyaru (p. 182, note 104).