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111) [II S 11]. Bien qu’avec doute, j’ai conçu jypar (accus, jyparyy) comme répondant aux ouig. jypar ou Jybar, 4jag- jipar, ipar, vessie de musc (Radloff, p. 121, fdie Trauergerâthe» ; p. 70—71 [où il faut que la transcription iapyryn soit une faute d’impression, puisque le mot est écrit avec ^ , comp. plus haut, p. 26] «die Grabzierathen»). — Touchant éyndan = chin. tchin-tan, voir p. 42. D’après la gracieuse communication de M. G. Schlegel, tchin-tan n’est que la transcription chinoise du sanscrit candana, arbre de sandal. C’est pourquoi j’ai traduit le mot turc par «bois de sandal».

112) [il S 12]. J’ai supposé qu’il faut lire [bjyâdy (de byâ-, couper, tailler) et que ce passage a trait à l’usage, mentionné p. 59, de se taillader le visage en signe de deuil. Les ambassadeurs étrangers ont-ils participé à cet usage ? Ce serait probablement douteux ; en tout cas, les Turcs tenaient beaucoup à ce qu’ils le fissent (comp. le Journ. Asiat, 6e sér., III, p. 34 :2). — Sur le mot ôzlik dans ce qui suit, voir note llô.

113) [II S 13—15]. Quant à ce passage auquel le titre du nouveau kagan sert d’introduction, voir p. 86. — Il va de soi qu’on ne saurait rien renseigner sur les personnages nommés dans ce qui suit ; seulement je trouve fort probable que Tonjuquq, Tonyoukouk, est le môme nom et la même personne que T oun’you(k))zou(k) dans les sources chinoises, voir p. 74, note 4. Tarqan est un titre turc bien connu ; comp. p. 61, note 1 ; dans Ménandre Protector, chap. 18, raQxdv. — Le mot ârtààû (àrtiàu ?), qui figure aussi trois fois II N 9 et 10, m’est tout à fait obscur ; d’après la forme on y verrait plutôt un gérundium. Il faut que la combinaison timyj qui suit deux fois àrtààû, se compose de deux mots, puisque les caractères h ti et Y y ne peuvent entrer dans le même mot. J’ai supposé la leçon àti^may ; concernant àti comp. note 7, fin, et note 61. Est ce qu’on pourrait rapporter may à l’ouigour maqu (djag. maq) «hoch ; Hohe, Auszeichnung, Lob», d’après Vambéry, Uig. Sprmon , p. 40, 228 ? Il n’est pas invraisemblable que la signification de âti^may (it) soit quelque chose comme (rendre) hommage, comp. Radloff, p. 129, sous l’art, timay, où les mots àrtààû timay, qui toutefois ont de la peine à former de cette manière-là une seule idée, sont traduits par «die Ehrenbezeigung, Huldigang ( ?)».

114) [II N 9]. Ceci concorde avec ce que nous apprennent les sources chinoises (voir Visdelou, p. 55 a), savoir que Sou-lou(k), kagan des Tou-ki-chi (comp. plus haut, p. 70), outre une princesse chinoise, «avait épousé deux autres femmes, l’une fille du roi du Thibet, l’autre fille de l’empereur des Tou-kioue Orientaux. Elles étaient toutes trois khatoun.^ — Tôrûn est décidément cas instrumental, peut-être de tôr (ouig. ; autrement non dans les inscriptions), «Ehrensitz» (djag., entre autres, «festint) ; toutefois, à cause de Vu écrit dans la dernière syllabe, il provient plutôt de tôrû (ici souvent ; ouig.), institution, coutume, loi, droit = djag. tôrà, «race royale ; roi, chef ; loi ; droit» (Pavet db Courtbille). (Radloff voit ici le mot tôr, et cela à l’accusatif, avec l’affîxe