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jour». En l'an 734, le dixième mois correspond assez exactement au mois de novembre, et, d’après le calendrier chinois, le caractère cyclique 36 (chin. Ki-hai) tombe le 11 novembre : si, comme nous l’avons dit dans la note 83, les Turcs sont en avance de sept jours, ce serait le 18 novembre. (Page 79, note 1, on a dit que les Chinois placent la mort du kagan dans le huitième mois. Ici il faut bien croire que les Turcs eux-mêmes ont raison, si mauvais calculateurs qu’ils semblent être d’ailleurs.) — Reste la date des funérailles du kagan, environ six mois après, «aa cinquième mois, le trente-septième Jour> (sur le nombre 37 comp. note 83, p. 176). Mais je ne vois pas bien comment les deux données contenues dans cette date peuvent s’allier ; car le cinquième mois chinois de l’année 735, correspondant à peu près aux 28 mai— 25 juin, comprend les caractères cycliques 54—60, 1—22 ; par conséquent il n’y aura absolument pas de place pour le caractère 37. Pourrait-on en chercher l’explication dans le fait que d’après le calendrier chinois cette année-là était bissextile ? Cela ne serait possible que si le mois bissextil était intercalé après l’un des quatre premiers mois : dans ce cas-là, la date indiquée répondrait au 10 (17 ?) juillet 735. Or, nous savons qu’au moins en Chine même le mois bissextil de cette dernière année avait sa place après le onzième mois (au premier jour de ce mois bissextil eut lieu une éclipse de soleil ; voir Mém. sur les Chin., XVI, p 27). Il est donc "peu probable que de leur propre chef les Turcs se seraient permis un pareil écart (comp. p 172, et suiv., note 83). Ne se sera-t-il pas plutôt glissé ici quelque erreur ? Le cinquième mois, par exemple, n’est-ii pas une erreur pour le quatrième ? C’est que dans le quatrième mois (environ = 28 avril — 27 mai) il y a le caractère cyclique 37 correspondant au 11 (18 ?) mai, et de cette manière il y aurait, entre la mort et les funérailles du kagan, un intervalle de six mois précisément, ce qui concorderait par ex. avec ce qui était le cas à la mort de Kul-téghin, et ce qui semble avoir été d’usage (voir p. 60 et note 83, fin). Cependant on ne saurait rien décider avec certitude sur la manière d’expliquer cette date.

110) [II S llj. Les données manquent pour combler la lacune à la fin de la ligne 10 et définir le sens de buqy tutuq (nom chinois ?). Baëad- étant un verbe transitif (mte 20), la traduction littérale de ce que l’inscription a porté, serait probablement quelque chose comme : «[De la part du kagan chinois vint] chez moi [une ambassade] ayant à sa tête Lisun taï-sengun, avec 600 hommes», ou, si au lieu de maàa, chez moi, on lit aqaày : «—le père de [N. N.], Lisun — ».

— Concernant Lisun = chin. Lithsûn, Li-thsiouen ou Li-thsoan, nom du dignitaire désigné, aussi dans les sources chinoises, comme chef de l’ambassade, voir p. 34 et 79. Tajsààiin pourrait désigner un autre personnage nommé Taï («Lisun et Taï-sengun») ; mais, selon toute probabilité, ce n’est que le titre de Lisun et reproduit le chin. taOjisiangkiun, «le grand général». Ce titre de taCO’tsiangkiun se rencontre dans l’inscription chinoise fortement mutilée de ce même monument, là où l’on mentionne l’ambassade de condoléances, et Dbvéria, Inscr de l’Orkhon, p. XXVIII b, suppose, à bonne raison, qu’il s’y agit du susdit ambassadeur Li-thsiouen (comp. Radloff, p. 172)