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fois pendant une seule année, tandis qu’ici l’on ne nomme que quatre fois, présumablement parce que le combat mentionné I N 5 contre les Èdiz n’y est pas compris (comp. note 96).

95) [II E 30]. Toyla, actuellement Tola, affluent de l’Orkhon ; comp. p. 113. Toyu balyq, la ville de Togou (comp. I N ô) doit donc avoir été située dans le voisinage de cette rivière. — La forme juz?ti, c’est-à-dire probablement yâ^â^i, peut-être toutefois jûzti, ne saurait être le prétérit de jûz-, nager (ainsi d’après Radloff : cSie schwammen ûber den Fluss Togla. Uebersetzend ihr Heer ...») ; car, d’une part, on eût dû aYOÏi jûsdi (comme ozdy^ II E 28, buzdym^ souvent, etc. ; on ne pourrait renvoyer à bàdistim, I S 11, II SW, qui est pour bàdiziâirriy comp note 66) ; d’autre part, cette manière isolerait étonnamment kàéip, «en passant», sans indication du régime, ce qui serait tout à fait contraire à la langue. Selon ma conviction nous avons ici un gérundium d’une formation transitive à psivi JàzCàJt’ : «en faisant nager (les montures)». Comme il va sans dire qu’on est à cheval, une pareille expression transitive est de rigueur. Ce gérundium se joint alors avec un sens adverbial à kàôip, dont Toyla ûgûzig est le régime direct. — Sûsi[ est l’armée des Ogouz (comp. note 57). Il a pu y avoir quelque chose comme sû8i[n uda basdym, ôlûrtim], je fondis en vainqueur sur leur armée et la tuai.

96) [II E 30]. Le combat dont il est parlé ici. pourrait correspondre ou au deuxième ou bien, et probablement (comp. note 94), au troisième de ceux mentionnés dans I (I N 5—6). Malheureusement le nom de l’endroit où ce combat fut livré, est mutilé, et ici aussi le premier caractère est peu lisible ; toutefois Uryu me paraît un peu plus vraisemblable que Andaryu. Si la première leçon est correcte, nous y pourrions avoir le nom du fleuve Orkhon (ou de la ville actuelle d’Ourga sur la rivière Tola, pourvu que cette ville existât alors, ce que je ne sais pas).

97) [II E 32). Ceci est la lutte où Kul-Téghin fut tué, événement auquel, chose étrange ! il ne se trouve aucune allusion dans ce passage ; on voit seulement que la lutte a été rude pour les Turcs. — Est-ce que ’kin est «second », par conséquent = ikindi, ikinti, I N 5, II E 30, II S 1, tandis que ikin, I E 1, 2, II E 4 serait «tous les deux» ? Ou bien pourrait-on supposer une forme kin-sû dans le sens d’arrière-garde ? — «Ils sont devenus sans chevaux, etc.», savoir parce qu’on supposait que tous leurs chevaux étaient morts faute de nourriture à la suite de la gelée. — Quant à syàar, que je traduis par «envahissant», comp. ouig syng-, sing-, ceindringen, durchdringen», VXm-BBRY, Etym. Wôrterb , p. 151 ; «ùberwâltigen, meistern, brechen, bezwingen», id., Uig. Sprachnion., p. 255. Le syàar sûsi répété (car c’est ainsi, ce semble, qu’il faut lire aussi dans le premier endroit) paraît donc devoir signifier «l’une — l’autre de leurs armées envahissantes». — Concernant les formes en -yly, -gli, voir p. 34 avec la note 1.